Monday, June 10, 2013

Clark Coolidge Symposium at Université Paris Est Créteil Thursday 26 September & Friday 27 September

On Thursday 26 and Friday 27 September, we will be hosting a 2 day symposium on Clark Coolidge’s work at Université Paris Est Créteil, salle 117, Maison des Langues. How to get there? See here.

We will be meeting in the morning of September 26 at 10 am to prepare our sessions with Clark Coolidge. Clark Coolidge will be joining us at 2 pm on the 26th. He will also be with us all day on the 27th.


So far, we’ve tried to focus on the writer’s own (creative and critical) work on the first day of the P&C symposia and on broader issues of poetics and practice-based criticism with the writer on the second day. But there’s no specific preconceived program for the 2 days of the symposium: as the previous sessions of the program have shown, it seems important to let the conversation take its own course.
Photo (c) Kevin Killian


Clark Coolidge was born in Providence, Rhode Island. Though associated with the Language Poets, his work predates the movement and despite close contact with many of them he remains distinct from any movement, literary or political. His primary literary influences are Rilke, Beckett, and Kerouac, but jazz, geology, and painting also play a large part. This poetic purist shares with many avant-garde artists of the 1950s and 1960s the belief that art is discovery, and so creates an exploratory ‘improvisational momentum’ in its composition which aims to ‘tell the story that has never been thought before’ in a writing which is itself the primary focus, rather than its subject matter. The author of more than 20 books of verse and prose, including Own Face, At Egypt, The Crystal Text, The Maintains, Solution Passage, and Mine: One That Enters the Stories, he is also the editor of Philip Guston: Collected Writings, Lectures, and Conversations (The Documents of Twentieth-Century Art), 2010.

Online works available :

Clark Coolidge books at Eclipse Archive online. Click on image below.






Sunday, June 9, 2013

Pascal Poyet on Clark Coolidge's Polaroid

Les couvertures des deux livres - américain, 1975 et français (2 cd audio), 2007
« Polaroïd par Clark Coolidge »
L’éditeur est aussi le traducteur ; l’un et l’autre se doublent du même lecteur.
Eric Pesty a traduit de l’anglais, lu et publié en deux CD le livre, Polaroïd, publié par Clark Coolidge aux Etats-Unis en 1975. De ce texte, l’auteur avait d’abord lui-même diffusé le seul enregistrement. «Transposition», plutôt que traduction, selon le terme employé par le traducteur dans le texte du livret accompagnant les deux CD, «dans la mesure où une traduction semble, à l’épreuve, ne pas pouvoir rendre compte du projet d’écriture, dans son articulation formelle et syntaxique» ; on pourrait cependant tout aussi bien dire «traduction», si on l’entend dans le sens où, comme l’a écrit Antoine Berman, traduire serait faire qu’une langue excelle dans ce qui lui est le plus opposé.
Qu’entend-on sur ces deux disques ? Le poème-livre, en vers, de Clark Coolidge est composé essentiellement de mots grammaticaux (prépositions, articles, conjonctions, etc.). Quelques rares mots lexicaux se font entendre, épisodiquement, extrêmement minoritaires, vers la fin du poème : plaire, rester, péri… Evidemment, traduire un poème «agrammatical», composé de mots «insignifiants», qui «ont pour caractéristique commune de n’actualiser une signification que relativement aux mots lexicaux» (quasi absents de ce texte, donc), mots que les chinois comptent entre autres — peu d’autres — parmi les «mots vides», peut paraître très improbable. Ce serait comme traduire la seule grammaire. Au moins ici le traducteur ne pourra-t-il pas tomber dans le travers de traduire ce qu’il a cru comprendre. Si chaque mot n’est pas porteur d’une signification en propre, il est toutefois susceptible d’être différencié ou rapproché des autres selon plusieurs paramètres : morphologie, prononciation, usage. Une sorte de machine est convoquée : il s’agit d’établir ce «différentiel» par le classement de l’ensemble des mots du texte — «renvois», «différentiel phonologique» et «différentiel sémantique» de ce corpus qu’il faut bien appeler dès lors le lexique grammatical complet du texte. Alike n’est pas same n’est pas some, est différent de any n’est pas many. Un tableau exposant le classement réalisé par le traducteur des mots du texte de Clark Coolidge a été publié alors que la traduction était en cours, dans le troisième numéro de la revue Issue, en octobre 2003. Voici les «mots vides» composant le texte de Clark Coolidge hissés au rang de lexique. Traduire sera traduire, autant que faire se peut, ce différentiel.
Or une fois chaque vide du lexique poussé dans ses retranchements, et une fois l’espace entre les mots organisé, un autre vide va apparaître sur la ligne du syntagme, dans le vers, car entre les mots vides il y a encore un vide, qui n’est pas un mot et que le traducteur comme l’auteur pose en même temps que les mots : il y a une espace. C’est ce vide qu’on va maintenant franchir, ou plutôt, ce vide qui à son tour va être hissé sur le même plan que les autres. Le vers est l’instrument. Tous les mots sans exception, tous les mots vides retranchés que l’on vient d’évoquer, sont donc lu liés – toutes les finales traitées comme il se doit dans la lecture d’un vers français classique, les e muets pareil, et toutes les syllabes ramenées peu ou prou sur un même plan. Le support de l’enregistrement s’impose au traducteur-éditeur. Cette lecture est la dernière dimension de la traduction, où le discours se révèle sans jamais toutefois se fixer, pour employer deux termes de photographe — où se réalise l’instabilité de l’original.
Mais si cette plane énonciation fait qu’on perd de vue le plus souvent la limite de chaque mot sur la chaîne du vers, il y a des limites que l’on n’omettra pas de nous faire entendre : celles des vers, toujours séparés par la pause adéquate. Ce sont les limites d’un autre mot, le «mot phonologique» dont parlent Jean-Claude Milner et François Regnault (Dire le vers, Verdier, 2008) ; mot qui, ici, a été traduit syllabe après syllabe.
Un seul autre bord est l’occasion qu’on s’y repose, et c’est le bord de la page, celui de chacune des cent pages du poème-livre, qui nous est indiqué par trois hors-champs ponctuant le texte lu : le changement de plage sur le disque, le bruit de la page qu’on tourne, une profonde respiration prise par le lecteur-traducteur.
De cette lecture du vers tenu au-dessus de ses vides, un étrange discours semble par moments faire surface, émerger comme par percolation, l’image lentement révélée à la surface d’un polaroïd.
Pascal Poyet

-écouter Polaroïd (lu par Eric Pesty) :
les pages 1-5
les pages 51-53
-le site de l'éditeur français : ici
-lire le livre en anglais : ici
-le site PennSound : ici
-écouter Polaroid (lu par Clark Coolidge)

This essay was originally published on Françoise Goria's blog Picturediting, 25 April 2011. Many thanks to Françoise Goria and Pascal Poyet for allowing us to post the essay on the Poets & Critics blog.