Tuesday, January 24, 2012

Publication de Pied Bot de Charles Bernstein, traduit par Martin Richet, éditions joca seria, mars 2012

Les éditions joca seria publient en mars 2012 Pied Bot de Charles Bernstein dans une traduction de Martin Richet, avec une postface de Jean-Marie Gleize et des photographies de Susan Bee.


Pied bot est un livre qui regroupe trois textes : l’important Shade publié en 1978, troisième livre de Charles Bernstein, et premier titre de la maison d’édition indépendante Sun and Moon qui, sous la direction de Douglas Messerli, a publié de nombreux livres de poésie expérimentale dans les années 80 et 90. A Shade le traducteur Martin Richet a joint The Occurrence of Tune, court texte publié comme petit livre en 1982 avec un texte de Charles Bernstein et des photos de l’artiste Susan Bee, son épouse.
Martin Richet a fait précéder le tout d’un bref texte intitulé « préface » qui sert de préface au recueil critique Content’s Dream: Essays 1975-1984. Cette préface n’est pas un texte critique mais un long poème en prose qui offre un autre mode de réflexion que le discours théorique. Idées et abstractions s’offrent ici à celui qui s’engage dans le champ poétique.


Un extrait: "La nuit tombe, une habitude ; quand les signaux ont tous l’air de plaisanteries et que la consistance est un éventail de soie. Disons que, contentieux, chacun devient le logicien de son argumentation, tour à tour une perle, tour à tour consterné. Ou l’amélioration – qu’on demande à la personne à-côté de mettre moins fort. La personne ? La personnalité est le produit d’un devenir social ; n’étant pas encore, elle prend d’autant plus vite corps. Et cette masse sous-jacente – comme si la chair rampait, aspirait – puisque chacune des idées qu’on s’en fait s’avère rétrospéculative. Mais ce sont ces conditions qui donnent à une vie sa valeur d’échange, comme le sucre et la cuiller. Guignol est déjà dans la gaine."


Pris dans son ensemble, Pied bot marque une étape importante dans l’histoire de la poésie américaine : il tire les avancées poétiques d’un John Ashbery et d’un Frank O’Hara, de ce qu’il est convenu d’appeler l’École de New York, vers une tension soutenue entre le concret et l’abstrait, il prolonge leurs disjonctions poétiques auxquelles il soumet le « je » (« La personne ? » interroge d’emblée la préface), une subjectivité qui apparaît problématique à l’orée des années 80 aux poètes du « mouvement » L=A=N=G=U=A=G=E. 
Pied bot se fait à cette occasion réflexion et pratique de la « difforme » poétique, afin de désarticuler ce qui semble « aller de soi ». 


On peut commander le livre en librairie ou bien directement sur le site des éditions joca seria.


Les étidions contrat maint avaient publié, en 2011, le poème Longues files de voiture revenant de la plage inclus dans le présent volume. 




Charles Bernstein est l’auteur de quarante livres: recueils de poèmes, essais, traductions et collaborations; dont My Way: Speeches and Poems (U. of Chicago Press, 1999), Girly Man (U. of Chicago Press, 2006), et récemment, All the Whiskey in Heaven (Farrar, Straus, and Giroux, 2010) ainsi que Attack of the Difficult Poems: Essays and Inventions (U. of Chicago Press, 2011). On lui doit aussi des livrets d’opéra dont Blind Witness (Factory School, 2008) et Shadowtime (Green Integer, 2005), traduit par Juliette Valéry (Temps d’ombre).
Charles Bernstein enseigne la littérature américaine et comparée à l’université de Pennsylvanie. Avec Bruce Andrews, il a dirigé la revue L=A=N=G=U=A=G=E de 1978 à 1981. Il est le co-fondateur de PENNsound (writing.upenn.edu/pennsound) et du  Electronic Poetry Center (epc.buffalo.edu) qu’il dirige.
En français ont déjà paru Un test de poésie, tr. collective (Un Bureau sur L’Atlantique, 1995), Asile, tr. Paol Keineg (Un Bureau sur L’Atlantique, 1998), et Longues files de voitures revenant de la plage, tr. Martin Richet (contrat maint, 2011).

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